L'âme brésilienne 2

L'âme brésilienne de Porto Novo, 2009,2010

Vient du dehors

« Un immense espoir
S’est introduit dans mon cœur aujourd’hui.
Je ne sais pas comment le définir-
Tout simplement comme le bonheur. L’espoir que le bonheur est possible… » (Andreï Tarkovski)

Humaine, intérieure, spirituelle, l’expérience décrite par Tarkovski n’est pas visuelle à proprement parler, mais elle se prête bien, par la secrète alchimie des mots et par la connaissance que nous avons de l’homme qui la décrit, à une transposition dans l’ordre de la vision : l’espoir agit ici comme une lumière et l’organe du cœur peut fort bien être remplacé par un œil. Dans tous les cas nous avons à faire ici à une énergie vitale qui vient du dehors pour nous transfigurer, dans un temps indéterminé, mais radical.
Dans les photographies de Catherine Laurent nous voyons pareillement des cristallisations qui viennent du dehors, atteignent un espace intérieur, une chambre, un corps et révèlent dans une durée insaisissable, un sentiment profond d’attachement au monde. Catherine Laurent a un tropisme africain, comme de nombreux européens et on sent qu’elle pourrait bien troquer l’Afrique pour un autre continent cultivé par l’Europe, car elle se nourrit des mélanges, de leurs miracles et de leurs ravages. Dans sa quête des lumières qui viennent du dehors, elle découvre que l’Afrique est l’ombre de l’Europe et que l’Europe trouve sa clarté dans cette grande ombre projetée si loin. L’image du seuil est peut être celle qui décrit le mieux son point de vue : dedans et dehors à la fois, dans un équilibre fragile qui n’appartient pas qu’aux femmes, mais qui repose sur le rejet de la prédation. C’est là, sur ce seuil où elle se tient, que sa quête prends corps.

Zaha Redman